Médias
Julien Hébrard ∙18 Avr 2025∙ 3 min
Sur ce graphique, on constate en un coup d’œil qu’une quarantaine de grandes familles ou entreprises s'arroge la quasi-totalité des médias. On y retrouve les Arnault, Bettencourt, Niel ou Pinault qui se partagent tous les grands titres, stations de radios ou chaînes de télévision, du Monde à TF1 en passant par Europe 1, BFM TV ou Le Figaro. Ce qui est remarquable ici, c'est le paradoxe vite identifié entre pluralité effective des médias dans le paysage français et situation réelle de la concentration du 4ème pouvoir dans un nombre réduit de mains, bien illustré par le petit cercle de noms au milieu de l'image. C’est bien évidemment un problème, comme le souligne régulièrement Reporters sans frontières dans son rapport annuel.
Néanmoins, passé l'effet de sidération (clairement recherché ici), on se rend compte que ce graphique n'est pas aussi révélateur d'un scandale qu'il n'y paraît. Il présente ainsi trois biais importants :
Le secteur de l’information est en pleine mutation avec de grands bouleversements en cours. Émergence des réseaux sociaux et de nouveaux acteurs, crise de la presse papier, numérisation, désintermédiation de l’information n’en sont que quelques effets visibles. Ce graphique ne témoigne pas de ce changement de paradigme au sein du secteur des médias. Seulement de la propriété de ceux qui sont en perte de vitesse. Il était tout à fait pertinent il y a 10 ans. Il l’est beaucoup moins aujourd’hui.
Malgré son intérêt évident, ce graphique n'est finalement que la matérialisation de l'idéologie anti-capitaliste et anti-libérale des organisations qui en sont à l'origine. Choquer et faire passer ses idées est son ambition première. Son fort potentiel viral est probablement la raison pour laquelle il est mis à jour régulièrement, aux dépens de la contextualisation et de l'actualisation. Un travail fort peu journalistique, en somme.