Pourquoi la périodicité des journaux a-t-elle de moins en moins de sens ?

La périodicité des journaux a de moins en moins de sens. Quotidien, hebdomadaire, mensuel… sont des mots qui devraient bientôt disparaître de notre vocabulaire, quand il s’agira de parler des médias.

Le principe de périodicité des journaux devrait bientôt devenir obsolète. Le Monde l’a rappelé en 2023 avec un article titré En difficulté, des hebdomadaires contraints de transformer leur modèle économique. À l’heure de l’immédiateté de l’information, des flux en continu et des notifications en direct, on se demande quelle place vont encore avoir Le Point, L’Express ou Le Nouvel Obs, alors que leur journal est absent des kiosques 6 jours sur 7. Cela d’autant plus que leurs sites respectifs font (mal) de l’information en continu et que la périodicité est intrinsèquement liée au papier, qui tend lui aussi à disparaître

La situation de leurs versions papier n’y trompe pas : entre 2023 et 2024, la plupart des hebdomadaires ont vu chuter leur diffusion, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années, sans qu’aucune solution ne soit trouvée pour contrer la tendance. Cette année les chiffres sont même franchement inquiétants pour certains d’entre eux, comme L’Express qui a vu sa diffusion chuter de plus de 10 % en un an. Alors que les abonnements numériques sont loin de compenser la baisse des abonnements papier.

La raison de cette banqueroute généralisée ? Toujours la même : une absence de vision et un tournant du numérique complètement raté, même 20 ans après. C’est pourquoi on va probablement voir le marché des vieux médias (du type chaînes de télévisions, radios, journaux…) se consolider dans les années à venir. Par “consolider”, entendre “la plupart des médias vont fermer ou se faire racheter par leurs concurrents plus puissants”. Pourquoi ? Quel intérêt d’avoir encore des hebdomadaires ou mensuels avec des sites web qui tiennent à peu près la route ? Quand on a des quotidiens désormais capables de proposer de longs dossiers de meilleure qualité en complément des infos quotidiennes ?

De l’info du temps long qui vient donc compléter le traitement de l’actualité fraîche. Soit un seul média capable de faire du quotidien, de l’hebdo et du mensuel en même temps. Pourquoi alors en aurait-on besoin de trois ? Cela sans compter sur l’émergence de nouveaux médias, spécialisés dans leur fond (Mediapart par exemple et son journalisme d’investigation) ou dans leur forme (Brut. ou Hugo Décrypte), qui viennent prendre d’énormes parts de marchés aux médias traditionnels. Sans que ceux-ci n’aient les moyens (actuels) de réagir.

Quelle est aujourd'hui la proportion des moins de 25-30 ans qui s’informent grâce à des hebdomadaires ? Pour les capter, il fallait sentir le vent tourner il y a 15 ans, quand les réseaux sociaux ont commencé à émerger. Ou essayer franchement de remonter le retard. Désormais il est trop tard pour rattraper cette génération (et les suivantes) dont le modèle de consommation des médias a radicalement changé. Les hebdo les ont définitivement perdus, et leur rentabilité avec.

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